Ca m'énerve!

Depuis plusieurs semaines,fleurissent au gré des médias et du salon de l'agriculture, toutes sortes de manifestations sensées sensibiliser et la population et obliger le gouvernement à ouvrir son porte-monnaie en faveur des exploitants agricoles. 

Ce qui " m'amuse" ce sont les diverses manifestations des uns et des autres,c'est à qui celui qui pavanera avec son plus gros et plus rutilant tracteur pour venir pleurer que telle ou telle production est payée une misère. Pensent ils être crédibles ainsi? Lorsqu'on a du mal à faire tourner une entreprise,on n'achète pas le dernier tracteur pour épaer son voisin! Mais pire: pensent ils s'attirer la sympathie de la population en bloquant les accès routiers?En dégradants les installations publiques comme les routes (par ici la route  vers Nantes doit être refaite  parce-que certains ont cru de bon ton de brûler je ne sais quoi !conclusion: des milliers d'euros partis en fumés).

Manifester oui,c'est un droit,mais  casser-abîmer NON! Qui plus est pour la plupart de ceux qui manifestent, il s'agit de "gros", ceux qui sont les premiers à se rejouir de la faillite du voisin afin de récuperer leurs terres! Pour en faire quoi puisqu'ils sont également les premiers à venir pleurer qu'ils ne tirent pas ou peu de revenus de leur travail? Les laitiers ne sont pas mieux ,on nage dans l'illogisme le plus total: dejà en 2008 ils manifestaient parce-que le prix du lait était anormalement bas (ce qui est un fait) mais alors pourquoi ces mêmes exploitants se sont jetés sur le quota B depuis la fin des quota laitiers? (pour ceux extérieurs à l'agricole, les quota étaient l'autorisation de produire telle quantité de lait.Ceci a disparu,il s'agit donc maintenant d'un contrat entre une laiterie et un producteur.Mais le vicieux du truc consiste en la création de "quota B" c'est à dire un contrat de production mais à un tarif inférieur au quota de référence). Quel en est l'intérêt? 

Si je résume: ils pleurent de ne pas être assez payé pour leur lait produit,ok

Ils rachètent du quota B (oui cela s'achète un droit à produire) payé en gros 1/3 de moins que le quotat de référence,la logique est donc: je ne suis pas bien payé et  j'ai beaucoup de mal à en tirer un revenu donc je rachète (cher) le droit de produire pour être payé encore moins alors que l'on est en surproduction! On marche sur la tête!!!!!!

En conclusion:Le gouvernement a bien raison de rire des exploitants qui ne font que s'enfoncer un peu plus dans les galères!!! Chacun sait que la production de masse  détruit un système en train d'imploser mais les producteurs enfoncent encore le clou!

Comments

[Janick]

Toi au moins tu as la tête sur les épaules! Je suis entièrement d'accord avec toi, sachant qu'en plus cela donne une image déplorable de l'agriculture française qui ne le mérite pas!

[Laurent]

Oui tu as raison, on marche sur la tête !

On nous a bien vendu l'idée de rationalisation et on persiste dans la fuite en avant qui peut se traduire ainsi : plus je produis, plus le prix baisse, plus je dépends de l'extérieur, moins j'ai de collègues agricultrices et agriculteurs (et autres indépendants), plus on a des chômeurs et de précaires.

Quelques articles intéressants (de mon point de vue) parus dans Le Monde Diplomatique (et il y en a sans doute ailleurs) :

- Août 2015, pages 20 et 21 : l'ordolibéralisme allemand, cage de fer pour le vieux continent ;

- Septembre 2015, page 10 : razzia chinoise sur le lait ; page 19 : en Allemagne, main basse sur les terres de l'Est.

[Max]

Oui c'est très énervant, parfois, cette impression qu'ils tendent toujours plus le bâton pour se faire battre. Après, sans vouloir me faire l'avocat du diable, n'étant pas moi-même, contrairement à mon compagnon, issue du monde agricole, je me suis longtemps interrogée; comment toute une (énorme, encore à l'époque) population réputée pour son bon sens, avait pu se laisser berner à ce point par les mirages du libéralisme, de la productivité à outrance et de l'agriculture chimique? Du coup, j'ai fait des recherches "historiques", et je me suis aperçue que la paysannerie française n'a cessé ne se faire laminer depuis, au moins la révolution de 1789, à coup de "je t'envoie à la guerre te faire massacrer" (de Napoléon, à l'Algérie, en passant par les deux guerres mondiales, notamment la première où ils ont envoyés en première ligne les vignerons du sud pour les punir de leur rébellion) et d'exode ruraux successifs qui ont vidés les campagnes de leurs forces vives, pour qu'elles se retrouvent forces aliénées en ville. Je ferai un article là dessus bientôt où je mettrai les sources.

Ceci explique en partie cela. D'autre part, l'alimentation est le marché rêvé, idéal, de tout bon capitaliste Car tant qu'il y aura des être humains il y aura de la demande. Et à priori, jusqu'à présent et pour longtemps encore, la demande est croissante. C'est une véritable manne dont ils se sont bien emparés. Pour contrôler ils ont divisé, les éleveurs d'un côté, les céréaliers, les vignerons de l'autre, par exemple. Et il faut voir la somme d'injonctions, qui poussent à la sur-production, qu'un agriculteur reçoit tout au long de sa vie, que ce soit à l'occasion de sa formation ensuite à l'installation, à travers les banques, les chambres d'agricultures, les techniciens, voire le syndicat, la presse agricole et bien sûr, par la répartition des primes.

Il y a indiscutablement une propagande mensongère qui nous conduit (tous, car cela ne concerne pas que les agriculteurs, l'agriculture est un cas d'école, mais à terme cela concernera tous les domaines) dans le mur. Mais c'est très difficile quant on n'est pas, soi-même un menteur, d'imaginer, de concevoir, de penser le mensonge, surtout à cette échelle.

Et je crois que collectivement, on en est juste là, on commence seulement à se rendre compte du mensonge.